Stratégie ou coopération – L’Union européenne, l’OTAN et le terrorisme

27 September 2017 /

Un an après la publication de la Stratégie Globale de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère et la sécurité, et un mois après le Sommet européen à Bruxelles, on parle encore de l’efficacité et l’efficience pour contrer les menaces hybrides. Mais avant de contrer la menace, l’UE doit évaluer sa capacité en termes de sécurité et de défense, soulignant la forte coopération qui a été mise en place avec l’OTAN. En ce moment, l’Alliance a tendance à se concentrer de plus en plus sur l’une des menaces qui ont maintenant un effet direct sur les pays de l’Alliance: le terrorisme islamique. L’approche théorique, de caractère évolutif, explique comment l’UE et l’OTAN ont mis en place un programme de révision interne afin de s’adapter aux nouvelles menaces hybrides, et en même temps comment les deux organisations ont réussi à coopérer pour y faire face. En second lieu, dans cet article, les mesures mises en place par l’UE et l’OTAN et leur perception de la menace terroriste (depuis la création de l’Etat islamique) seront analysées. Enfin, à la lumière de la réunion du Conseil de l’UE pour les affaires étrangères et la réunion du 25 mai des chefs d’Etat de l’OTAN, nous déterminerons si une stratégie de coopération existe et quels sont les avantages et les inconvénients résultant de cette situation.

La stratégie de coopération mutuelle

Selon la publication de l’Institut Egmont «Strategic autonomy and EU-NATO Cooperation: squaring the circle» du Prof. Dr. Jolyon Howorth, de l’Université de Yale et Senior Fellow de l’Université libre de Berlin, après la publication de la nouvelle Stratégie Globale, une amplification de l’intention de l’UE d’améliorer ses propres capacités de sécurité et de défense a été constatée. L’UE aspire lentement à une nouvelle autonomie stratégique. Cependant, ce qu’il faudrait éviter est la création d’un doublon de l’Alliance atlantique, à partir du moment où, jusqu’à présent, le lien entre les deux organisations est très forte grâce à la coopération dans les domaines politique, de l’intelligence, de l’échange de l’information et de la cyber-sécurité.

En 2013, après le Conseil européen sur la PSDC (politique de sécurité et défense commune), la coopération avec l’Alliance a été renforcée, en insistant sur le caractère indispensable de la coopération pour le soutien mutuel. Depuis, l’UE a souhaité développer encore plus ses capacités militaires, en essayant de maintenir une identité fondée sur le pouvoir économique et politique. En fait, selon la nouvelle Stratégie Globale, les deux organisations devraient continuer à maintenir la diversité liée à la nature de leur création. Cependant, selon les résultats du sommet de l’OTAN à Varsovie en Juillet 2016, l’Alliance atlantique continue de professer en tant qu’acteur «protagoniste» de la défense collective européenne, alors qu’en fait, selon les programmes de la Stratégie Globale, l’Union européenne devrait pouvoir contribuer plus substantiellement à sa sécurité, en mettant en place des missions dans lesquelles les Etats-Unis n’ont pas d’intérêt.

Ce jeu de rôles est au centre des préoccupations des États-Unis, surtout après l’élection du président Donald Trump. Selon Jolyon Howorth, il est nécessaire de comprendre dans quelle mesure les ambitions européennes sont, ou peuvent être, réalistes et efficaces. L’auteur identifie quatre objectifs principaux dans la Stratégie Globale: la protection des valeurs européennes, le maintien de la sécurité des frontières, la stabilité économique avec des partenaires commerciaux, et enfin le soutien des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. En ce sens, il semble que l’UE a l’intention de continuer à s’adapter tout en conservant son identité propre, tout comme l’OTAN, qui fait l’objet d’une révision interne pour être en mesure de faire face aux nouvelles menaces. La question qui se pose concerne l’avenir des relations entre l’UE et l’OTAN, à partir du moment où, bien que toujours en mesure de collaborer et de coopérer dans divers domaines, les deux vont évoluer et pour des questions structurelles ont tendance à suivre deux chemins différents.

Selon l’auteur de l’article, il est possible d’identifier quatre scénarios futurs. Le premier concerne la dissolution progressive de l’intégration européenne, compte tenu des limites imposées par le traité de Lisbonne sur la souveraineté des Etats membres. L’UE n’est pas une fédération, ce qui signifie que chaque Etat continue de maintenir le monopole de la force, la liberté de manœuvre sur la politique économique, sa propre identité culturelle et ses intérêts. Cela rendrait encore plus difficile de créer une politique de défense et de sécurité commune. En conséquence, cela peut créer un bloc pro-américain européen, entraînant un retour au passé: la création d’Etats «satellites» au sein de l’UE. Un deuxième scénario serait l’actuel: un lent progrès de la politique de sécurité et de défense européenne qui, précisément en raison de l’absence de progrès importants, pourrait décevoir les attentes de la Stratégie Globale. Un troisième scénario serait celui dans lequel la coopération structurée permanente (conformément à l’article 42 du traité de Lisbonne) a été bien développée. Cela impliquerait l’amélioration des capacités de défense intensive par le développement des contributions nationales et par la participation aux forces multinationales. Par conséquent, l’UE serait en mesure d’être indépendante des États-Unis, mais presque un «double» de l’OTAN. Le dernier scénario verrait l’UE développer sa propre force régionale en réponse au Brexit et à l’élection du président Trump: tirer profit de la négligence du programme américain en Méditerranée et vers les voisins de l’Est et du Sud de l’UE pour être en mesure de devenir autonome. Les espoirs de l’auteur, qui coïncident avec le dernier scénario, est celui d’un programme dans lequel l’UE reste indépendante des États-Unis, en profitant des circonstances actuelles, même pour rétablir des relations avec la Russie, pour développer ses compétences et donc ressembler toujours plus à l’OTAN, en intégrant d’abord la politique de sécurité et de défense à l’Alliance, puis étape par étape prendre le commande des principales agences de cette dernière. Jolyon Howorth parle d’une «OTAN-européanisée» afin d’«isoler» de plus en plus de Washington des problématiques qui, pour des raisons géopolitiques, sont plus proches de l’UE, tels que la stabilité à l’est et au sud, surtout après le développement de l’Etat islamique et de la menace terroriste.

Comme déjà mentionné, l’OTAN aussi  après l’effondrement du mur de Berlin a commencé une lente phase de restructuration interne, d’adaptation, intensifiée ces dernières années. Selon Karl-Heinz Kamp, président de l’Institut fédéral de la politique de sécurité à Berlin, l’Alliance atlantique doit poursuivre ce processus. Dans son article «Why NATO needs a new Strategic Concept», l’une des principales raisons qui ont fait de l’OTAN une alliance crédible réside dans sa capacité d’adaptation face aux changements politiques. Le Concept stratégique est un document qui indique les buts, les caractéristiques et fournit des lignes directrices sur les programmes futurs de l’Alliance.

Le dernier Concept stratégique date de 2010 et est basé sur trois points clés:

  • Défense et Dissuasion: sans identification d’un adversaire spécifique, l’Alliance fournit une liste complète des capacités qu’elle a l’intention de maintenir et de développer pour contrer les menaces existantes et émergentes. Ces menaces, jusqu’en 2010, comprenaient la prolifération des armes nucléaires, de missiles balistiques et autres armes de destruction massive, le terrorisme, les cyber-attaques et les questions liées aux ressources environnementales.
  • La gestion des crises: encourager un plus grand nombre de parties à partager les efforts et rendre la gestion des crises gérable et efficace.
  • Sécurité coopérative: grâce aux partenariats, y compris entre les pays de l’OTAN et ceux qui ne font pas partie de l’Alliance, avec d’autres organisations internationales et des acteurs tels que l’ONU et l’UE.

Prenant en compte les récents événements, en septembre 2014, pendant le sommet au Pays de Galles, l’OTAN a adopté une série de mesures visant à améliorer la capacité de défense de l’Alliance. Deux ans plus tard, en Juillet 2016 (Sommet de Varsovie), ces mesures ont été améliorées et adaptées aux menaces venant du côté est et sud de l’Alliance.

Selon l’auteur, dans l’attente d’un nouveau Concept Stratégique qui pourrait adapter davantage l’OTAN aux nouvelles crises émergentes, il faut tenir compte du fait que les Etats-Unis ont mis au point (et continuent à développer) une approche révisionniste en encourageant un retour aux stratégies employées pendant la guerre froide, à savoir les concepts de nature essentiellement militaire. Cependant, une telle approche rendrait les relations plus hostiles avec la Russie, qui, après l’annexion illégale de la Crimée, a intensifié ses activités militaires. Cela pourrait provoquer une réaction en chaîne, qui entraînerait le développement des hostilités. C’est la raison pour laquelle, selon l’auteur, un nouveau Concept Stratégique devrait avoir trois caractéristiques de base, afin d’éviter un effet domino.

Selon l’auteur, d’abord et avant tout, il faudrait trouver des moyens d’assurer une plus grande transparence et ouverture en créant des réseaux qui peuvent impliquer plusieurs acteurs et à plusieurs niveaux. En deuxième lieu, la Suède et la Finlande devraient adhérer à l’Alliance, car elles ont toujours fourni leur soutien civil et militaire à l’OTAN. En fait, le 25 mai 2016, le Parlement suédois a finalement ratifié l’accord signé avec l’Alliance appelé «Host Nation Support Agreement». A partir du 1er Juillet 2016, l’OTAN est en mesure de déployer ses troupes sur le territoire de la Suède, aussi bien en temps de paix que, surtout, dans les situations de crise ou de guerre. Enfin, il faut renforcer les relations avec les pays de la région du Pacifique: Australie, Japon, Corée du Sud et Nouvelle-Zélande. Précisément en raison de l’intensification de la question nucléaire, et compte tenu du soutien historique fourni par les Etats-Unis, l’OTAN devrait commencer à réfléchir à l’approche à adopter pour maintenir l’ordre international dans une région qui commence à voir une escalade militaire importante.

La première tâche clé d’un nouveau Concept Stratégique devrait être la dissuasion et la défense, c’est-à-dire la protection du territoire de l’Alliance. Par conséquent, compte tenu des stratégies analysées ci-dessus, la deuxième tâche de l’OTAN serait l’assouplissement des relations avec la Russie. Une alliance capable de gérer leur propre défense interne, puis les relations avec la Russie, sera également prête à réglementer toutes les formes de coopération avec d’autres pays voisins grâce à des partenariats. Le quatrième objectif consisterait dans la capacité de résoudre de nouvelles menaces hybrides: le terrorisme islamique, la cyber-sécurité, et la propagande offensive de la Russie.

La lutte contre le terrorisme islamique, perçu par l’UE et par l’OTAN comme une menace hybride, coïncide avec l’évolution du processus d’adaptation qui caractérise les deux organisations. À la lumière des considérations relatives à la possibilité d’une coopération entre l’OTAN et l’UE, et les forces révisionnistes internes, cette analyse peut aider à comprendre si la menace du terrorisme islamique sera combattue par une politique de coopération (conçue comme l’union des efforts entre les deux organisations afin de résoudre une menace commune) ou stratégique (conçue comme une union tactique qui a comme principal objectif le renforcement d’une seule organisation afin d’établir ses compétences pour ensuite se concentrer sur la menace terroriste).

Menace terroriste: une comparaison des perceptions

Le premier point de référence pour la compréhension de l’approche européenne face au terrorisme ressort de la Stratégie Globale. La Stratégie Globale pour la politique étrangère de l’UE et de la sécurité a été adoptée suite au Sommet des chefs d’Etat à Bruxelles les 28-29 Juin 2016. Elle est divisée en 8 chapitres et contient l’approche, les objectifs, les fins, les intérêts et les points clés liés à la politique européenne en matière de sécurité et de défense. Dans le chapitre consacré aux priorités de l’action extérieure, l’UE identifie le terrorisme comme une menace à contrer. Pour cela, parmi les mesures à prendre, l’UE considère que le dialogue est essentiel pour les politiques étrangères des États membres.

En fait, en paraphrasant le contenu de la Stratégie globale, l’UE se perçoit comme une organisation soumise à la menace terroriste. La sécurité de l’Europe de l’Est est considérée comme minée, et le terrorisme est identifié comme une conséquence de la crise en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En se présentant comme une organisation qui veut préserver la démocratie et le dialogue, l’UE reconnaît la nécessité d’un changement radical afin d’assurer la sécurité par la coopération et la collaboration avec d’autres acteurs étatiques et internationaux.

Pour cela, l’UE a identifié parmi ses priorités la lutte contre le terrorisme (chapitre 3 de la Stratégie globale). L’approche pour y faire face devrait reposer:

  • Sur l’échange d’informations et la coopération dans le domaine de l’information entre les agences et les États membres de l’UE;
  • Sur l’approfondissement de l’engagement des États dans le domaine de l’éducation, de la communication, de la culture, de la jeunesse et du sport ;
  • Sur la lutte contre la radicalisation en développant des partenariats avec la société civile, les acteurs sociaux, le secteur privé et les victimes du terrorisme, ainsi que le dialogue interculturel et interreligieux,
  • Sur le développement de la coopération, surtout avec l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, les Balkans occidentaux et la Turquie, dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la radicalisation;
  • Sur les efforts visant à assurer la stabilité des pays à risque et à faire respecter les termes des cessez-le-feu pour trouver une solution pacifique et durable du conflit.

D’après ce que nous pouvons voir des lignes directrices, émerge une approche qui coïncide avec les vocations structurelles de l’UE: la démocratie, le dialogue, la coopération et la création de la stabilité. La perception de la menace existe, mais elle est adaptée aux outils et aux approches typiques mobilisées par l’UE, et non vice versa. Cela signifie que l’UE veut maintenir son identité et lutter contre la menace terroriste avec une approche basée sur le soft-power. En effet, dans la Stratégie Globale, il y a quatre principales mesures que l’UE entend adopter contre ce type de menace. La première est la prévention, à savoir contrer les facteurs qui conduisent à la radicalisation. La deuxième mesure est la protection des citoyens, comprise comme une forme de protection des cibles vulnérables en renforçant la sécurité extérieure. La troisième est la poursuite des actes de terrorisme en renforçant la capacité des acteurs étatiques pour créer une discipline interne fondée sur la coopération qui puisse avoir une impact sur les ressources économiques et le financement du terrorisme. La dernière est la réaction, à savoir la capacité à gérer la situation d’urgence après une attaque terroriste, pour protéger les civils.

Il semble que l’UE n’adapte pas ses mesures pour contrer la menace terroriste dans toute son ampleur, mais au contraire elle a construit un système fait à son image pour la contenir. En d’autres termes, aucune opération militaire n’a été conçue. Cependant, un mois après l’adoption de la Stratégie Globale lors du Sommet de l’OTAN à Varsovie, l’UE a signé la Joint Declaration, fondée sur la coopération et la coopération mutuelle. La Joint Declaration, signée par le Président du Conseil européen Donald Tusk, celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, a identifié sept domaines d’approfondissement: la lutte contre les menaces hybrides, la coopération en matière de migration, le renforcement de la sécurité et de la défense cybernétique, l’amélioration des capacités de défense et de l’industrie de la défense/recherche, l’intensification des exercices, et le soutien des efforts pour améliorer la capacité des partenaires de l’est et du sud. En effet, dans la Joint Declaration on peut lire:

“Boost our ability to counter hybrid threats, including by bolstering resilience, working together on analysis, prevention, and early detection, through timely information sharing and, to the extent possible, intelligence sharing between staffs; and cooperating on strategic communication and response. The development of coordinated procedures through our respective playbooks will substantially contribute to implementing our efforts”.

Cela montre la volonté de l’UE de collaborer avec une organisation comme l’OTAN pour contrer la menace terroriste. Cependant, cette approche ne comporte pas de coopération militaire ou l’engagement direct de la part de l’UE. La Stratégie Globale et la Joint Declaration montrent que l’UE veut maintenir son identité en tant que pouvoir démocratique caractérisé par le soft-power, avec une inclinaison coopérative avec l’Alliance atlantique en ce qui concerne les menaces hybrides.

Cependant, l’OTAN, après le Sommet du 25 mai à Bruxelles a dévoilé sa stratégie dans la lutte contre le terrorisme, la définition des priorités et les objectifs poursuivis.

En suivant un parcours historique, déjà en 1999, le Concept Stratégique de l’Alliance avait identifié le terrorisme comme l’un des risques qui pourraient avoir une incidence sur la sécurité de l’OTAN. En 2001, en outre, suite à la demande des États-Unis qui a évoqué l’article 5, l’OTAN avait lancé sa première opération contre le terrorisme – Opération Eagle Assist: sept avions radar AWACS de l’OTAN ont été envoyés pour aider à patrouiller le ciel aux États-Unis. L’année suivante, lors du Sommet de Prague, les leaders de l’OTAN ont exprimé leur détermination à dissuader, défendre et protéger les frontières de l’Alliance de toute attaque armée de l’étranger, et l’adoption d’un ensemble de mesures pour lutter contre le terrorisme. En 2010, le Sommet de Lisbonne a vu la présentation du nouveau Concept Stratégique, qui a reconnu que le terrorisme constituait une menace directe pour la sécurité des citoyens des pays de l’OTAN et à prié instamment les États membres d’améliorer leur capacité à se défendre contre le terrorisme international et de développer avec leurs partenaires des capacités militaires adéquates.

Au cours du dernier Sommet à Varsovie (Juillet 2016), après avoir établi une coopération avec l’UE pour lutter contre les menaces hybrides, les Alliés ont décidé de fournir un soutien dans la lutte contre l’état islamique (ISIL). Les avions AWACS de l’OTAN ont été mobilisés pour fournir des informations à la Coalition mondiale. En outre, l’OTAN a renouvelé son engagement en Irak et en Afghanistan, et le renforcement de la coopération en cours avec la Jordanie. Cependant, le changement le plus important s’est produit à la réunion du 25 mai 2017 Bruxelles. Au cours de la conférence de presse, le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré:

“A powerful reminder of NATO solidarity and the importance of our common fight against terrorism. Today we agreed an action plan for NATO to step up its efforts in the fight against terrorism. We also decided to expand our support to the Global Coalition to Defeat ISIS. Our AWACS surveillance planes will help improve airspace management for the Coalition. At the same time, we agreed that NATO will become a full member of the Global Coalition, in which all 28 Allies already take part. Being in the coalition does not mean that NATO will engage in combat. But it does send a strong signal of our commitment to fight global terrorism. And it will enable NATO to take part in political deliberations, including on the coordination of training and capacity building. We also decided to establish a terrorism intelligence cell within our new Intelligence Division. Work is also underway to establish a Hub for the South at our Joint Force Command in Naples. It will constantly monitor and assess regional threats, including terrorism. We are also looking into making greater use of NATO’s Special Operations Headquarters, which already offers tailored counter-terrorism training for Allies and partners. This could involve more mobile training teams deploying to countries at risk. That is why I have decided to designate a senior NATO official as coordinator, to ensure that our new action plan is implemented swiftly and effectively”.

Contrairement à la voie suivie par l’UE, l’OTAN au cours des années a essayé de s’adapter aux nouvelles menaces, en particulier la violence terroriste, crées par les forces internes et externes. Les nécessités des États membres, des partenaires et des États voisins ont poussé l’OTAN à suivre une voie d’évolution, mobilisant diverses mesures qui comprennent à la fois l’utilisation de la force (article 5 après le 11 Septembre), la coopération avec d’autres acteurs, en passant par le partage de l’information, la formation des forces afghanes et irakiennes et le soutien logistique. L’OTAN, contrairement à l’UE, perçoit la menace terroriste comme une question d’instabilité généralisée qui pourrait nuire à l’Alliance. Mais sans une intervention militaire directe le 25 mai, l’OTAN a encore accru son engagement qui se traduira dans des changements structurels et organisationnels au sein du système de l’Alliance, se distinguant ainsi (au moins pour le moment) de la voie suivie par l’UE qui a adapté la menace terroriste à son modus vivendi.

Politique coopérative ou stratégique?

L’OTAN et l’Union européenne, compte tenu des défis communs, sont des partenaires uniques et qui partagent des valeurs et des intérêts stratégiques. En outre, il faut souligner que les deux organisations partagent 22 États membres. Comme il est possible de le remarquer dans la Stratégie Globale et la Joint Declaration, les deux organisations coopèrent sur un large éventail de domaines, y compris la gestion des crises, le renforcement des capacités, le renforcement des capacités des partenaires, les menaces hybrides et la sécurité maritime. La coopération étroite entre l’OTAN et l’UE est un élément important dans le développement de ce qu’on appelle une «Comprehensive Approach» pour la gestion des crises et des opérations. Il s’agit d’une approche qui nécessite la mise en œuvre effective des moyens militaires et civils. L’OTAN et l’UE sont à la fois engagées à lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction de masse. Elles ont échangé des informations sur leurs activités dans le domaine de la protection des populations civiles contre les risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN). L’OTAN et l’UE ont toutes deux identifié la menace terroriste, reconnue comme un problème commun; cependant, en prenant la question à sa racine, il reste à expliquer si à la base des politiques mises en œuvre jusqu’aujourd’hui, les deux organisations ont l’intention de coopérer (combinant les efforts pour résoudre une menace commune) ou d’adopter une approche stratégique (basée sur une union tactique qui a comme principal objectif le renforcement de l’organisation en soi afin d’améliorer ses capacités, pour être après en mesure de se concentrer sur la menace terroriste).

En fait, pour donner une réponse réaliste et contemporaine, il faudrait adopter une clé de lecture aussi réelle: l’élection de Donald Trump. Au cours de la campagne électorale, le futur Président des États-Unis a exprimé son manque d’intérêt pour la politique européenne de sécurité et défense, en définissant l’OTAN comme une organisation «obsolète». Le but ultime du President Trump, au moins jusqu’à quelques jours avant son élection, était de faire de son pays une grande puissance comme dans les temps de la guerre froide. Pendant nombreuses années, l’OTAN a été un filtre pour les intérêts des deux continents : pour les États-Unis, les alliés européens représentaient une base logistique pour projeter son influence à l’est et pour la gestion des crises (comme le cas de l’Afghanistan); pour l’UE, les États-Unis représentaient une garantie pour soutenir sa sécurité et sa défense. Cependant, les programmes de politique étrangère de Donald Trump peuvent ignorer ce genre de relation à somme nulle.

Déjà pendant la guerre en Afghanistan, les États-Unis avaient mis au point une forme d’aversion envers l’Alliance et sur l’utilité de ses alliés européens. Cependant, cette forme de pensée a été atténuée par la politique étrangère du président Barack Obama qui a toujours essayé d’adopter une approche fondée sur le «compromis». Avec l’arrivée de Trump, cette approche n’est pas considérée comme bénéfique pour les buts de la puissance américaine; et ceci, pour l’OTAN et l’UE, pourrait avoir des effets néfastes. Compte tenu de la perspective européenne, à moyen terme, la meilleure stratégie serait de renforcer sa coopération avec l’OTAN et de le considérer comme un filtre pour maintenir une ligne de dialogue avec les États-Unis. En fait, selon Tomas Valasek, directeur du Carnegie Europe, l’OTAN et l’UE ont un intérêt à coopérer, et en même temps soigner les faveurs des États-Unis, en se faisant simplement le levier sur l’un des intérêts majeurs de l’administration Trump: la lutte contre la menace terroriste.

La réunion du 25 mai à Bruxelles semble avoir résumé les différents jeux de pouvoir et les stratégies des trois acteurs. L’OTAN s’engagera dans la coalition internationale sous les auspices des Etats-Unis. Cela signifie que les 22 Etats membres que l’UE et l’OTAN ont en commun s’engageront dans la lutte contre le terrorisme islamique en adoptant une double approche: le soft-power à travers les moyens et les capacités mises à disposition par l’UE, et en même temps à travers le filtre de l’OTAN, participeront à la coalition internationale. Les Etats-Unis n’auront pas un impact direct sur les pays européens et vice versa, et l’OTAN (qui évolue pour faire face au nouveau scénario de menaces hybrides) ne pourra pas être affectée de façon importante par la politique de Trump.  Reprenant ainsi les réflexions faites dans la publication de l’Institut Egmont «Strategic autonomy and EU-NATO Cooperation: squaring the circle» par le Prof. Dr. Jolyon Howorth, et par Karl-Heinz Kamp, Président de l’Académie fédérale pour la politique de sécurité de Berlin, il semble que plus qu’une politique de coopération, l’OTAN et l’UE développent une forme de politique stratégique adaptée au programme étranger américain.

Au final, en ce qui concerne la lutte contre la menace terroriste, l’UE pourrait saisir l’occasion de «se détacher de la dépendance» des États-Unis. Par conséquent, ce serait l’occasion d’augmenter ses propres capacités de défense et de sécurité à l’aide des instruments de l’OTAN, conçue comme filtre pour améliorer son efficacité pour contrer cette menace. En même temps, l’OTAN, qui compte en 22 pays européens à son sein, aura l’occasion de poursuivre son processus d’adaptation basé sur la coopération avec une Union qui a un fort impact sur le niveau de légitimité aux yeux de l’opinion publique, et alors être en mesure de parvenir à un accord (ou synthèse) des préoccupations de l’UE et des États-Unis pour contrer la menace terroriste.

Maria Elena Argano 

Article également disponible sur le site de notre partenaire: EU Logos

Pour en savoir plus:

Site de la NATO Foundation, Nato needs a new Strategic Concepthttp://www.natofoundation.org/food/why-nato-needs-a-new-strategic-concept-karl-heinz-kamp-2/

Site de l’Institut Egmont, Strategic Autonomy and EU-NATO cooperation: squaring the circlehttp://www.egmontinstitute.be/publication_article/strategic-autonomy-and-eu-nato-cooperation/

Site de l’Union européenne, Cooperazione strutturata permanente:  http://eur-lex.europa.eu/summary/glossary/permanent_structured_cooperation.html?locale=it

Site de l’OTAN, Strategic Concept:  http://www.nato.int/cps/sl/natohq/topics_56626.htm

Site de l’EEAS, Global Strategyhttps://europa.eu/globalstrategy/sites/globalstrategy/files/pages/files/eugs_fr_version_0.pdf

Site du Conseil européenne, Lutte contre le terrorisme:  http://www.consilium.europa.eu/fr/policies/fight-against-terrorism/

Site de l’EEAS, Defence package:  https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/defence_package_factsheet_0.pdf

Site de l’OTAN, Joint Declarationhttp://www.nato.int/cps/de/natohq/official_texts_133163.htm

Site de l’OTAN, Press Conferencehttp://www.nato.int/cps/en/natohq/opinions_144098.htm

Site de l’OTAN, Countering Terrorism:  http://www.nato.int/cps/en/natohq/topics_77646.htm

Site du Carnegie Europe, A new transatlantic security bargainhttp://carnegieeurope.eu/2017/05/23/new-transatlantic-security-bargain-pub-70050

Site du Carnegie Europe, Will Trump make Europe stronger?http://carnegieeurope.eu/strategiceurope/?fa=70123

Site de Carnegie Europe, NATO’s Troubled Missions:  http://carnegieeurope.eu/strategiceurope/70080

Site de l’OTAN, Relations with the European Union:  http://www.nato.int/cps/in/natohq/topics_49217.htm

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