Bruxelles: quelles perspectives d'emploi pour les jeunes?

28 January 2017 /

Le constat est inquiétant : Un jeune sur quatre ne trouve pas d’emploi et le chômage chez les jeunes augmente beaucoup plus rapidement que celui chez les travailleurs plus âgés. C’est partant de ce constat et dans le but de réfléchir aux possibles solutions que l’Institut des Etudes Européennes, Vote Watch Europe, la FEPS et Eyes On Europe ont conjointement organisé, le 8 novembre, une conférence sur le sujet. Retour sur le débat, ses discussions et son issue.

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Panel de la Conférence

La conférence « Bruxelles : quelles perspectives d’emploi pour les jeunes ? » s’est déroulée le 8 décembre dans la salle gothique de l’Hôtel de ville de Bruxelles et était organisée conjointement par l’Institut des Etudes Européennes, Vote Watch Europe, la FEPS et Eyes On Europe.  Le débat était animé par huit intervenants, tous, d’une manière ou d’une autre, liés au marché de l’emploi chez les jeunes à Bruxelles. Le sujet est bien évidemment d’ores et déjà épineux et délicat, est d’autant moins simple à évoquer dans le contexte actuel d’incertitudes et de doutes dus à la crise.

Benjamin Bodson, assistant de recherches en droit de l’Union européenne à l’Université catholique de Louvain est un des premiers à intervenir. Selon lui, l’Union européenne ne peut pas être pointée du doigt pour l’augmentation du taux de chômage chez les jeunes. En effet, l’Union ne jouit que d’un rôle de conseiller en matière d’emploi et ne peut prendre des décisions radicales. De plus, l’Union a adopté des politiques visant à soutenir l’insertion professionnelle des jeunes. En janvier 2012, un programme « Garanties pour la jeunesse européenne » a ainsi vu le jour. Il vise à fournir une insertion professionnelle aux jeunes qui ne trouvent pas de travail. « 14 millions de personnes sont passées par ce programme et 9 millions ont bénéficié d’une insertion professionnelle ou d’une formation » , rappelle Anahi Vila, policy advisor auprès du groupe S&D du Parlement européen. L’Europass existe également et sert à mettre ses compétences en avant afin de trouver plus facilement un emploi. L’Europe essaye donc tout de même de proposer des solutions afin de pallier à ce problème récurrent qu’est le chômage chez les jeunes.

The Man Lai, qui travaille chez Actiris, a souhaité dresser un état des lieux quant au marché bruxellois de l’emploi. Bruxelles est une région qui demande encore plus de qualifications et de compétences que les autres. La ville fait face à énormément de concurrence des deux autres régions, la Flandre et la Wallonie mais également au niveau international. 700.000 travailleurs sont enregistrés à Bruxelles, une moitié seulement est originaire de la ville. C’est donc un milieu extrêmement compétitif où les compétences doivent être mises en avant. C’est la raison pour laquelle Actiris met en œuvre des programmes d’aide surtout pour les jeunes qui ont uniquement un diplôme du secondaire. Le but est d’augmenter leur valeur et leur compétitivité sur le marché du travail.  Les jeunes qui possèdent alors un diplôme de bachelier ou de master bénéficieraient d’une aide moins développée.

Un ancien étudiant de l’Institut des Etudes Européennes, Ludovic Voet déplore quant à lui la baisse de la protection sociale. Aujourd’hui coordinateur de la commission Emploi et responsable national des jeunes au CSC, il s’inquiète que les jeunes après 24 ans n’aient plus droit au chômage, ce qui fait baisser le taux mais seulement d’une manière artificielle car ces jeunes ne trouvent pas tous un travail. Quant aux stages de transition, ils existent mais les jeunes sont à peine rémunérés en travaillant 38 heures et ne rapporteront pas assez à l’employeur pour que celui-ci se décide à les engager. Le stage d’insertion devrait donc être davantage encadré par la protection sociale afin de ne pas pénaliser le jeune. Le stage doit offrir une plus-value au jeune et non permettre à l’employeur de profiter de lui. C’est là tout le problème actuellement car beaucoup de stagiaires continuent à être exploités.

La question de la responsabilité des universités à former les jeunes se pose également. Monique Chalude, professeur à l’institut d’études européennes à l’Université libre de Bruxelles a souhaité y répondre. Cette experte constate que les carrières ne sont plus linéaires et que celles-ci doivent être construites via différents emplois. L’université a changé depuis quelques années face à la problématique de l’emploi chez les jeunes. Avant, elle était surtout là pour former l’esprit critique mais pas pour trouver un emploi. Aujourd’hui, de nombreux programmes sont proposés en son sein pour aider le jeune étudiant ou diplômé à trouver du travail et à se diriger vers les bonnes formations. Des cours sont donnés afin de permettre à l’étudiant de dernière année de savoir écrire une lettre de motivation et un CV. Tout cela dans le but que celui-ci trouve un travail rapidement une fois sorti de l’université. Ce n’est pas toujours évident mais il existe quand même une nette amélioration depuis que ces aides sont mises en place.

Concernant ce sujet, une personne présente dans le public s’est demandé à quel moment le jeune est assez qualifié pour entrer dans le monde du travail. Benjamin Bodson a souhaité répondre à cet intervenant en soulignant que les propositions apportées par l’université devraient être améliorées en terme de contenu. Elles ne sont pas toujours en adéquation avec le monde réel du travail et donc le jeune se retrouve dans un secteur compétitif sans savoir comment mettre ses compétences en avant. C’est évidemment extrêmement gênant pour rechercher un emploi. Il apparaît alors que 5 ans ne sont pas suffisants pour trouver directement un emploi et qu’il faut davantage commencer ses recherches avant d’être diplômé.

Une personne présente dans la salle soulignait que malgré le fait qu’il avait entrepris ses recherches avant d’être diplômé, il ne trouvait pas de travail. Certaines personnes sont encore dans cette situation et cela n’est pas tolérable pour un jeune diplômé qui fait preuve de volonté pour trouver un premier emploi.

Le marché de l’emploi actuellement, surtout à Bruxelles, comporte donc des améliorations sur plusieurs points mais il demeure beaucoup trop compétitif et sélectif pour envisager de chercher sereinement un emploi et de le trouver. Il est dommage de constater que nombre de personnes motivées et prêtes à travailler sont freinées dans leurs démarches. Il ne reste plus qu’à espérer que les programmes mis en place portent leurs fruits et que de plus en plus de jeunes puissent commencer à travailler dans le domaine qu’ils souhaitent et ce sans attendre.

Déborah Miller est étudiante en Master à l’Institut d’Etudes Européennes.

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