Union européenne, pourquoi es-tu si distante?

20 April 2017 /

47% des citoyens sont défavorables à l’UE selon un rapport de Pew Research center publié en 2016. Les ressortissants et médias européens ont le sentiment d’être désinformés et mis à l’écart en ce qui concerne les affaires européennes. Mais l’UE n’est-elle pas aussi victime d’une désinformation ou d’une incompréhension? Et les Médias n’y contribuent-ils pas à leur manière ?

À l’heure où l’information et la communication se développent de manière exponentielle, la désinformation fait des ravages et peut s’avérer être un outil très violent. Eyes on Europe, Cafébabel et le Représentation de la Commission européenne en Belgique prirent l’initiative d’organiser un atelier d’échanges entre journalistes, fonctionnaires européens et  experts du média et de la communication sur deux thématiques : «  Union européenne, comment contrer la désinformation ? » et «  La communication autour des projets financés par l’UE ».

La désinformation de l’UE.

Le concept de désinformation est une technique de communication de masse qui alterne la réalité afin d’influencer, de tromper et de promouvoir une idée, un concept. Elle peut être voulue par l’État, des groupes sociaux, des entreprises, mais peut aussi être involontaire à cause d’une incompétence, erreur ou d’une mauvaise compréhension des faits.  L’UE, les médias et les citoyens sont à la fois  victimes de la désinformation et contributeurs. L’UE embrasse un comportement assez distant envers ses citoyens qui se sentent délaissés par elle. l’Europe est signe de désillusion et d’incompréhension.

Selon le rapport Pew Research Center, le nombre d’eurosceptiques augmentera en 2017, en réponse  au Brexit, aux politiques migratoires et économiques futures de l’UE. Fort est de constater qu’un fossé se creuse, de jour en jour, entre ses citoyens et elle. Le futur de l’UE est sombre. Les reproches faits à l’Union européenne ne cessent d’augmenter et incluent son manque de transparence, sa complexité, sa distance, ses mauvaises politiques sur le plan économique, international et européen et sa communication non ponctuelle. Mais cet euroscepticisme n’est-il pas alimenté par une désinformation ou une mauvaise compréhension de la chose européenne ?

Les médias et la désinformation, une histoire de rendement ?

L’une des besognes, et loin des moindres, des médias est de rendre un rapport pertinent de l’activité et des décisions européennes. Pourtant le phénomène de la désinformation ne cesse accroître. La formation journalistique est certes pointue, mais de nombreuses lacunes au niveau de l’étude européenne et politique demeurent. Une mauvaise maîtrise de la chose européenne et politique  peut vite jouer en la défaveur des journalistes et remettre en question leur professionnalisme.  Personne ne contredira qu’il soit très compliqué de saisir avec finesse les rouages de l’UE et de sa politique.  Ce manque de connaissance joue un rôle considérable dans le phénomène de désinformation. Avec l’apogée d’internet, des sites « mainstream », Facebook, Twitter,  ont rendu le fact-checking plus à la mode. Le problème de vérification de sources est certainement un grand obstacle au bon travail du journaliste. Cette vérification qui est une des tâches primordiales du journaliste passe à la trappe. C’est une course à celui qui publie le premier.  Nos journalistes nous le disent : «  On essaie de les vérifier, mais parfois on n’a pas le temps ».  Il est difficile pour eux d’appliquer à la lettre la vérification des sources, cela demande énormément de travail et de l’investigation. De plus, les journalistes n’apparaissent pas toujours impartiaux. Il est aisé de comprendre qu’un journaliste privilégiera un article plus vendeur à un autre.  La marchandisation de l’information, quitte à donner de fausses informations par la vérification biaisée des sources ou/et la connaissance insuffisante des rouages et activités de l’UE, peut être source de négligence de la part des journalistes. C’est par ce phénomène que certains sujets des plus importants pour le grand public passent à la trappe.

La communication autour des projets financés par l’UE. 

Selon une récente étude, seulement 75% des Belges disent ne pas être bien ou pas informés au sujet des activités européennes. Et 8% déclarent avoir disposé de financements européens pour l’élaboration d’un projet. Chaque année, l’UE européenne apporte une aide  financière sous forme  de subventions,  prêts et contrats à des PME, ONG à but non lucratif, projets jeunesses, chercheurs, agriculteurs et entreprises rurales. Cet argent est géré en association avec les autorités nationales et régionales par l’intermédiaire de différents fonds tels que  FEDER,  FSE, FC, FEADER ou encore FEAMP. L’objectif 2020, objectif de croissance économique pour l’Europe,  n’est pas de générer du  profit à l’acquéreur de l’aide, mais bien de l’assister à parvenir à un « équilibre économique » (https://europa.eu/european-union/about-eu/funding-grants_fr). Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres des acquéreurs d’aides européennes, le phare du Kaanal , situé à Molenbeek, qui  est un café-cantine disposant d’un espace de co-working avec des possibilités de privatisation.

Les projets financés par l’UE sont victimes d’une mauvaise communication de la part des instances européennes, des journalistes mais aussi des organisations de fonds citées plus haut. L’UE adopte un comportement distant et invisible plus précisément au niveau local. La Commission européenne devrait établir un plan de communication et de stratégie à la promotion de ces initiatives. Il est dans l’intérêt de l’UE de mettre en œuvre une communication de ses investissements et d’améliorer la visibilité des ses activités quitte à travailler, main dans la main, avec les journalistes et les organisations de fonds telles que FEDER, FSE, FC, FEADER et FEAMP. Les projets sont difficiles à vendre aux citoyens, selon nos journalistes, et donc difficile d’en faire la publicité. Ce n’est pas vendeur, pour faire court. Nos intervenants préconisent l’établissement par l’UE d’une communication locale qui touchera beaucoup plus de monde et qui aura pour intermédiaires les journalistes et les organisations de fonds.  Même s’il faut pour cela donner plus de moyens aux organisations de fonds pour améliorer la communication de ces projets.

Conclusion.

Contrer la désinformation devrait être autant une priorité pour l’UE que les Médias, car tous les deux y contribuent et en sont victimes. Quitte à travailler main dans la main, la Commission devrait mettre en place des débriefings pour permettre aux journalistes une meilleure compréhension et une meilleure visibilité des affaires européennes et proposer une réforme qui permettrait une meilleure collaboration UE-médias. L’UE devrait aussi penser à appliquer concrètement le principe de transparence énoncé lors du traité de Maastricht ainsi que renforcé le lien administré-administrant. La désinformation tant du côté de l’UE que des médias est en leur défaveur. Il serait grand temps qu’ils mettent tout en œuvre pour contrer ce phénomène, qui un jour, peut se retourner contre eux est réalisé l’expression : « l’arroseur arrosé ».

Ornella Herman est étudiante en sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

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