Volt, un nouveau mouvement paneuropéen citoyen pour les citoyens (2/2)

14 April 2018 /

Voici la seconde interview de notre dossier sur les mouvements transnationaux et paneuropéens. Ces entretiens abordent des questions programmatiques pour les élections à venir, mais aussi d’actualité comme le récent rejet des listes transnationales par une majorité du Parlement européen.

Volt est un mouvement politique pan-européen et citoyen lancé en 2016 suite à la décison sur le Brexit et présenté officiellement en mars 2017. Bonne lecture !

EoE: Pourquoi un parti pan-européen? Quelle est votre vision du fédéralisme européen?

Andrea Venzon : A la suite du Brexit, nous avons décidé d’agir en partant de deux constats. Premièrement, nombre de problématiques actuelles sont, par essence, transnationales et ne s’arrêtent pas aux frontières. Deuxièmement, nous considérons que l’Europe repose sur un cercle de valeurs communes et une identité similaire, chose unique pour un continent. Un parti pan-européen nous semblait être une réponse concrète et adaptée afin de répondre aux questionnements paneuropéens.

En ce qui concerne notre position vis-à-vis du fédéralisme européen, celle-ci se veut incrémentale. Nous sommes en train de dresser un état des lieux des préoccupations principales des citoyens à travers l’Europe. A titre d’exemple, la problématique des travailleurs détachés est primordiale pour certains de ces citoyens tandis que le sujet de la démocratie au sein des institutions européennes se veut essentielle pour d’autres. Par rapport à ce dernier aspect, parmi les mesures que nous proposons se trouve notamment le fait de réhabiliter le Parlement européen comme législateur complet. Cela passe par exemple par l’octroi d’un droit d’initiative législative, initiative relevant jusqu’à présent d’un monopole de l’exécutif européen. Une autre mesure envisagée est l’établissement d’un impôt transnational sur les sociétés. En bref, nous avons une approche très pratique du fédéralisme, contrairement à une méthode classique plus légaliste. Cette approche se construit sur la base de propositions concrètes prenant en compte les réels besoins et envies des citoyens.

EoE : Entendez-vous allez au delà des élections européennes et viser également les élections locales?

A. V.: Bien entendu, notre vision de la démocratie et de la politique européenne ne s’arrête pas aux élections du Parlement européen. Pour le moment, nous envisageons de présenter des listes aux élections municipales dans le nord de l’Espagne et au sud de l’Italie. Cette présence à vocation a pour but de s’étendre au fur et à mesure que notre équipe s’agrandit. Cela pour plusieurs raisons. D’une part, nous considérons que les problématiques européennes se retranscrivent, la plupart du temps, également et de manière même parfois plus forte au niveau local. Par ailleurs, tout parti quel qu’il soit se doit d’être suffisamment implanté à tous les échelons afin de réussir en politique. Enfin, nous sommes d’avis qu’en tant que parti, il est de notre devoir de participer à la reconnexion entre les décideurs politiques et les citoyens qu’ils représentent — cela passe par une représentation et participation locales, pour une démocratie plus directe.

EoE : Quelle vision politique prônez-vous? Chevaux de bataille principaux?

A. V. : De manière générale, nous prônons une Europe plus unie. Une Europe qui habilite à la fois ses états et ses citoyens. Une Europe qui atteint et maintient un niveau élevé de développement, sous toutes ses formes : technologique et digital, social, économique, durable… Nous avons dressé une liste de piliers clefs, qui se déclinent également à l’échelon local. Deux d’entre eux concernent la réforme des états et de l’Union, afin de les adapter aux conditions du 21e siècle, les rendre plus efficaces, plus tournés vers le digital etc. Une réforme globale pour rendre l’Union plus démocratique est également envisagée. Le second pilier s’intitule « Renaissance Economique », et vise à stimuler la croissance économique après une longue période de stagnation, tandis que le troisième pilier vise à assurer que cette croissance rime avec égalité sociale, sous toutes ses formes. Ensuite, nous comptons mettre en exergue la nécessité pour l’Europe de devenir et demeurer un acteur clef des relations internationales. Cela passe par une représentation forte et unie de l’UE lors de sommets mondiaux, ‘une seule voix’ lorsqu’il s’agit de traiter de problèmes trans-continentaux tels que les crises migratoires ou le changement climatique.

Enfin, nous insistons sur l’importance de réhabiliter le citoyen au cœur de la démocratie, à tout échelon. Cela passe, par exemple, par lui offrir des opportunités régulières de s’exprimer sur les thématiques de la vie politique, via des outils digitaux notamment, des assemblées locales etc.

EoE : concrètement, où vous placez-vous sur l’échiquier politique, au seins de l’hémicycle?

A. V. : nous sommes avant tout progressistes. Selon nous, la dichotomie classique droite/gauche est quelque peu obsolète. Il convient d’aller de l’avant, les personnes de notre génération ne s’y identifiant plus. Nous ne tomberons certes pas dans la dialectique des extrémistes, mais tout le reste dépend d’une approche au cas par cas et selon la politique en question.

EoE : Que pensez-vous de DIEM25 et qu’est ce qui vous en différencie?

A. V. : Toute initiative transnationale est bonne à prendre car elle est un signe que nous avançons vers une Europe réellement unie. Quant à ce qui nous différencie, force est de constater que Diem25 se rattache à une gauche radicale, portée par certains leaders avec lesquels nous ne sommes pas complètement alignés. De plus, notre parti est davantage « grass-root », issu d’un mouvement pleinement citoyen. En effet, contrairement à Diem 25, notre parti ne se compose pas de majoritairement politiciens nationaux recyclés. Au contraire, pour 70% d’entre nous il s’agit de faire nos premiers pas dans la sphère politique. Enfin, nous avons toujours revendiqué être un mouvement à vocation politique, tandis que Diem25, si ma mémoire est bonne, à commencé en tant que lobby ou « advocacy group ».

EoE : Que pensez vous de la critique d’Elmar Brok, président de l’Union des fédéralistes européen ( UEF) sur le fait que les listes transnationales éloigneraient le citoyen de l’élu européen. Ces critiques sont-elles fondées d’après vous ?

A. V. : Nous saluons la symbolique que représentent des listes transnationales. Ceci étant dit, le risque de voir les grands états sur-représentés était élevé. Le fait que cette option soit limitée à 27 sièges, cependant, aurait pu être un bon début, quitte à améliorer le système par la suite.

Propos recueillis et retranscrits en français par Hélène Decottigny, présidente d’Eyes on Europe et étudiante en droit européen à l’IEE de l’ULB.


Pour plus d’information sur le mouvement et les nombreuses activités de Volt : voir le site https://www.volteuropa.org/

Contact: info@volteuropa.org

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