Les femmes de droite au pouvoir : une vraie victoire pour les féministes ?
14 March 2024 /
Sara BORDIGATO 4 min
Christine Lagarde, première femme présidente de la BCE. Ursula Von der Leyen, première femme à la Commission. Roberta Metsola, troisième femme présidente du parlement européen. La plupart des femmes leaders de l’UE ont un point commun: elles sont plutôt conservatrices ou de droite.
Quelles sont les raisons pour lesquelles les femmes en politique sont majoritairement issues de partis conservateurs? Et quelles leçons la gauche européenne doit-elle en tirer?
Le 8 mars dernier, nous avons célébré la Journée internationale de la femme. Il est bon d’en tirer certaines conclusions et de voir où nous en sommes en Europe en termes d’inclusion, d’égalité et de valeurs fondamentales pour l’Europe.
Dans cet article, on analysera les femmes européennes (la plupart de l’Europe occidentale) au pouvoir, en particulier celles de droite, car la plupart des femmes aux plus hauts niveaux en politique se situent dans l’aile conservatrice.
La plus emblématique de ces femmes était Margaret Thatcher, la première femme britannique à occuper le poste de premier ministre britannique. Une de ses phrases célèbres: “I owe nothing to women’s lib“. Elle n’a jamais soutenu d’idées ou d’initiatives féministes lorsqu’elle était au gouvernement. En fait, elle n’a promu qu’une seule femme au cabinet, qui par ailleurs était, d’un point de vue privé, son amie. Interrogée par rapport à ce sujet, elle s’est plus tard justifiée en disant qu’aucune femme n’était capable d’accéder au pouvoir comme elle l’a fait et qu’il n’y avait tout simplement pas d’autres femmes qualifiées comme elle. Par après, beaucoup d’autres femmes ont occupé le poste de premier ministre avec un comportement ou attitude similaire.
Thatcher était le blueprint des femmes conservatrices européennes. De son comportement et de celui de ses homologues féminines, nous pouvons tirer certaines conclusions quant à leur image publique et à la manière dont elles affirment leur pouvoir.
L’habit fait-il le moine?
Angela Merkel, qui a dirigé l’Allemagne pendant 16 années, était célèbre pour ses tailleurs. Tous identiques mais dans des tons différents. Giorgia Meloni, l’actuelle premier ministre (au masculin car l’un de ses premiers actes au gouvernement a été de demander qu’on l’appelle M. le Président). Theresa May, attaquée une fois pour avoir porté un costume de 995£ (1164€), et avec tous ses vêtements hyper analysés dans les journaux britanniques. Que ce soit le type de vêtement, la couleur ou encore le prix.
Toutes auront au moins une fois été attaquées dans leur carrière pour leur tenue vestimentaire. Ce qui n’est jamais arrivé à leurs homologues masculins. Malgré tout, elles essaient d’abord de se maquiller moins, de ne pas s’habiller de façon jugée trop voyante et tentent par tous les moyens de faire oublier à leur entourage qu’elles sont bien des Femmes.
Elles ont une façon masculine de s’imposer, en essayant de faire oublier à ceux qui sont en face d’elles qu’il y a une différence. Au lieu de faire disparaître cette différence, on cherche à faire oublier le problème. Les femmes conservatrices essaient de maintenir le statu quo et de se comporter exactement comme le ferait un homme au pouvoir. C’est-à-dire avec des tons agressifs, des phrases fortes et de la fermeté.
Si je vous demande maintenant de penser à un leader, il est fort probable que la plupart d’entre vous pense à une figure masculine. A la fois parce que les caractéristiques d’un leader coïncident avec les caractéristiques stéréotypées d’un homme, mais aussi parce qu’à travers l’histoire nous n’avons pas beaucoup d’exemples.
Il est cependant compréhensible que ces femmes, qui font désormais partie de l’establishment, continuent à se comporter comme telles. Il y a d’innombrables exemples avant elles, depuis des millénaires d’histoire occidentale, les seules femmes qui me viennent à l’esprit dans ce moment sont Cléopâtre, la reine Victoria d’Angleterre et Catherine II de Russie: la politique est un jeu masculin, créé par des hommes pour des hommes, et il est donc difficile de changer un système intrinsèquement masculin.
Malgré le fait qu’aujourd’hui de nombreuses femmes travaillent au sein du Parlement européen/d’institutions européennes, et que de plus en plus de femmes travaillent en politique, le temps est maintenant venu de changer. Actuellement , seul un tiers des députés européens sont des femmes et sur les 27 premiers ministres européens qui composent le Conseil, trois seulement sont des femmes : Kaja Kallas pour l’Estonie, Giorgia Meloni pour l’Italie et Evika Silina pour la Lettonie.
À la question “que faut-il faire pour amener du changement?” Il n’y a pas encore de réponse, mais il est certain je sais que le changement c’est à nous, jeunes, ensemble de le provoquer. Et il est important d’être conscient.e.s qu’ il y a encore plan de travail à accomplir avant d’y parvenir: il nous faudra démanteler un système qui perdure depuis des années.
Malgré tout, je suis sûre que d’ici 5 à 10 ans, la situation sera plus rose. En attendant, je vous souhaite un bon combat pour l’égalité.
Sara Bordigato est étudiante relations internationales
(Edité par Léa Thyssens)