Égalité des Genres : Et Après ? Un Débat Essentiel Au Coeur du Parlement
18 April 2024 /
Elea Cogoluenhes 4 min
Cet article a été publié dans notre 39ᵉ magazine.
À l’approche des élections parlementaires européennes de Juin 2024, la montée de l’extrême droite dans de nombreux pays européens et le recul des droits des minorités de genre qui peut en résulter inquiètent. Face à ces enjeux, il est impératif pour l’Union Européenne de continuer à prioriser les droits de minorités de genre.
Le Parlement Européen est un acteur pionnier pour l’égalité des genres au sein des institutions européennes notamment à travers le travail de la Commission des Droits des Femmes et de l’Égalité des Genres (FEMM). Cette commission a initié la Semaine Genre et Égalité du Parlement Européen. L’édition 2023, troisième, et dernière avant les élections, a permis à différents acteurs, parlementaires et au-delà, d’échanger sur le thème : ‘Égalité des Genres, Et Après ?’. Le président de FEMM, Robert Biedroń, souhaite réveiller les esprits sur le sujet:
“Je pense que nous atterrirons sur Mars avant d’atteindre l’égalité des genres”.
Représentation et Égalité des Genres
Moins de 40% des membres du parlement européen sont des femmes actuellement. La question de la participation des minorités de genre en politique était au cœur de l’agenda de cette semaine Genre et Égalité. En plus d’avoir besoin de plus de femmes, l’UE a besoin, comme le dit Robert Biedroń, d’un “équilibre des genres”. L’accès des minorités de genre à des positions de pouvoir doit continuer à être adressé, notamment à travers la législation européenne. Même une fois élues, les femmes sont souvent reléguées à des postes avec moins de responsabilités. Elles se retrouvent à des commissions avec moins de budget ou considérées comme “moins importantes” en politique traditionnelle. Les débats sur le sujet se sont révélés stimulants, et promettent un investissement européen continu autour de cette problématique.
Lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles
Un autre enjeu de taille reste la lutte contre les violences conjugales, sexistes et sexuelles. En Europe, un tiers des femmes ont rapporté avoir vécu des violences physiques et sexuelles au cours de leur vie. Cependant, les États membres de l’UE sont divisés sur la manière de contrer ce problème systémique. Les négociations en trilogue autour de cette problématique ‘piétinent’, comme le rapporte Frances Fitzgerald au Parlement Européen le 24 Octobre 2023. Là où les problématiques de cyber-violence et de mutilation génitale semblent faire consensus, le viol reste un sujet où la marche à suivre ne paraît plus si claire. L’intégration d’une définition du viol basée sur le consentement à la Charte des Droits Fondamentaux de l’UE divise. Certains pays ont déjà adopté des législations de ce type, là où d’autres refusent catégoriquement la définition, comme la France, où des manifestations féministes ont appelé le président de la République à revoir sa position en Novembre 2023.
Le Parlement Européen est résolument déterminé à adopter une directive sur la lutte contre les violences conjugales, sexistes et sexuelles à la ligne stricte afin de pouvoir adresser ces violences de manière plus efficace grâce à une convergence des mesures sur le sujet. Pourtant, des divisions sur le sujet continuent de résonner au cœur même du Parlement. Annika Bruna, parlementaire du groupe Identité et Démocratie (élue française Rassemblement National), prend la parole lors du rapport du 24 Octobre 2023 pour soutenir ces États qui refusent certains aspects de la directive. Pour elle, le problème des violences faites aux femmes ne peut être résolu tant que l’immigration n’est pas régulée. Ainsi, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et conjugales ne cessent d’être remise en question au sein même des institutions européennes, montrant que le choix de nos élu.e.s peut avoir un impact décisif.
Droit à l’Avortement
Un point noir persistant encore pour la convergence européenne sur l’égalité des genres brille par son absence lors des débats de 2023. Le droit d’accès à l’avortement, et plus largement la santé reproductive n’ont pas été abordés. Constamment remis en question au sein même de l’Europe et au-delà, c’est une problématique où un Parlement Européen uni peut faire la différence. Les députés européens ont en effet voté en Juin 2022 sur la nécessité d’intégrer le droit à l’avortement à la Charte des Droits Fondamentaux de l’UE. Cependant, la position de certains parlementaires tels que Roberta Metsola, présidente du Parlement, montre qu’un droit aussi profondément fondamental que la protection de la santé sexuelle et reproductive des minorités de genre est loin de faire consensus absolu.
L’accès à l’avortement, au marché du travail, les violences sexistes et sexuelles sont des enjeux dont l’importance ne cessent d’être remise en question au coeur même de l’Union Européenne. Il reste clé de garder à l’esprit en votant pour nos représentants en Juin prochain que leur identité a un impact sur nous, nos corps, nos droits fondamentaux.
Eléa Cogoluenhes est étudiante en mastère spécialisé en études européennes interdisciplinaires.
(Edité par Léa Thyssens)