Galileo : L'europe en quête d'indépendance spatiale

28 March 2017 /

Premier grand projet industriel monté à l’échelle européenne, premier partenariat public-privé (PPP) de l’UE, pilier de la politique spatiale européenne, le programme Galileo n’en finit pas d’accumuler les titres. Garant de l’indépendance spatiale européenne, il est officiellement entré en application le 15 décembre 2016. Le projet a pourtant failli ne jamais voir le jour, accumulant retard et importants dépassements budgétaires. Retour sur le programme communautaire phare du spatial européen, un colosse aux pieds d’argile.

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© Michel Craig (Flickr.com)

Galiléo, garant de l’indépendance spatiale européenne sur l’échiquier international.

Le 15 décembre 2016, le système de navigation par satellite européen, Galileo, est entré en application. Ce nouveau système “Made in UE” marque une avancée pour l’indépendance spatiale européenne, qui jusque là utilisait le système américain GPS pour son usage civil mais aussi militaire. L’indépendance spatiale est d’autant plus un enjeu politique actuel suite à la nouvelle administration américaine qui fait craindre aux acteurs un revirement protectionniste jusque dans la politique spatiale américaine. Couplée à la forte concurrence déjà exercée par l’industrie américaine dans ce domaine – incarnée notamment par SpaceX et BlueOcean qui repoussent les limites du secteur spatiales à coup d’innovations et d’offres low-cost – les industriels européens demandent un projet politique à l’échelle régionale et d’envergure telle qu’ils pourront contrer le marché fermé américain.

Les autres états ne sont pas en reste. La Russie, la Chine, le Japon et l’Inde disposent déjà de leur propres systèmes de navigation civil et/ou militaire, autant d’alternatives nationales au GPS américain. Galileo est donc le moyen pour l’Union européenne d’assurer la survie de ses entreprises dans un milieu ultra-concurrentiel, d’accroître son indépendance stratégique face aux Etats-Unis et de rattraper son retard sur les puissances spatiales que sont le Japon et la Russie suivis de près par d’autres BRICS représentés par l’Inde et la Chine. Galileo représente en somme, l’affirmation de l’Union en tant qu’acteur à part entière de la scène internationale.

Si, en façade, la Commission a ainsi prouvé l’étendue de son potentiel et assis ainsi son autorité dans ce domaine, la gestion de Galileo s’est cependant heurtée aux différentes visions des états porteurs du projet et à la nouveauté de l’exercice pour l’institution.

Intérêts étatiques divergents, refroidissements des industriels: l’idylle communautaire dans la tourmente.

La phase de développement et de validation de Galileo a accumulé au total 29 mois de retard et plus de 103 millions d’euros de dépassement budgétaire selon la Cour des Comptes de 2009. Pourquoi ? Certains auteurs pointent du doigt la gestion maladroite de la Commision qui a privilégié un partenariat public-privé plutôt qu’un marché totalement public dans le but de faire des économies. (Béclard, 2013) Dans un domaine où les risques financiers peuvent être critiques pour les industries, le secteur privé n’a pas voulu endosser sa part de responsabilité et le projet a quand même débouché sur un marché 100% public après des mois et des euros perdus.

De plus, les divergences de vision entre les plus grands contributeurs du projet, la France et l’Allemagne notamment, sur les lieux d’implantation des infrastructures du projet fut la principale cause du retard de 29 mois du programme. Chaque état, voulant que le projet ait des répercussions positives sur ses industries nationales, marquait son désaccord dès qu’une situation lui semblait peu avantageuse.

La Commission va aussi devoir composer avec une nouvelle variable : le Brexit. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pose la question de l’ouverture du programme aux pays européens non-membres de l’UE. Bien que contributeur important du projet Galileo et du secteur spatial en général, le gouvernement Britannique va avoir à négocier son accès aux services de Galileo, au même titre que la Norvège et la Suisse. Affaire à suivre…

Alexandra Perse est étudiante en Master de Relations internationales à l’ULB

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