Meet My Hood : Saint-Gilles, à Bruxelles [CaféBabel]

22 March 2017 /

Saint-Gilles, autrefois village de maraîchers, vient tout juste de fêter ses huit siècles d’existence. Au fil du temps, la commune n’a jamais cessé de se transformer, de s’adapter, de se rénover, et rassemble aujourd’hui plus de 50 000 habitants et de 140 nationalités différentes qui constituent l’identité Saint-gilloise.

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Le Parvis de Saint-Gilles | Valeria Mazzagatti & Serine Mekoun

Se balader dans Saint-Gilles c’est la possibilité de s’offrir un petit tour du monde au sens propre comme au figuré : Rue de Moscou, Rue du Danemark, Rue de Bosnie, Rue Africaine, Place Bethléem… toutes témoignent de la mixité sociale du quartier. Loin des clichés communément admis sur le vivre-ensemble, le quartier offre une réelle possibilité de se rencontrer sur les marchés, sur les places et dans les cafés. À Saint-Gilles on parlerait même le Saint-Gillois. Tous ces dialectes, ces accents et ces mots qui ont voyagé avec les habitants de différentes origines ont créé dans le temps une langue riche et colorée. Pour preuve, le projet « Parlez-vous Saint-Gillois ? » dresse un portrait sonore du quartier.

Meet My Hood Saint Gilles | Serine Mekoun & Valeria Mazzagatti

Une âme ouvrière, artistique et cosmopolite

Même s’il est vrai que le haut de Saint-Gilles attire une population plus aisée, plus bobo, des familles et des expatriés français (Saint-Gilles est en effet l’une des trois communes bruxelloises les plus prisées par les expatriés français, ndlr), il y a dans le quartier une part imaginaire de romantisme. La commune n’échappe pas à l’effet de gentrification qui marque la plupart des communes de la capitale bruxelloise et le prix des loyers a explosé au cours des cinq dernières années amenant avec lui une crise du logement et l’appauvrissement des populations déjà précarisées. Le bas de Saint-Gilles fait partie de ce que l’on appelle « le croissant pauvre de Bruxelles », ce qui correspond au secteur le plus densément peuplé de la région bruxelloise, le plus jeune, mais aussi le plus pauvre, avec des taux de chômage record.

Pourtant, Saint-Gilles s’organise et tente à sa manière de repousser les investisseurs privés qui voudraient faire de la commune un village-dortoir confortable qui répondrait davantage à des soucis esthétiques postmodernes qu’à des urgences sociales. De plus en plus d’initiatives citoyennes, concrètes et créatives voient le jour afin de réimaginer la société à une échelle locale. Exemple ? Des potagers collectif, des échanges de savoir-faire ou encore la création d‘une monnaie complémentaire. Depuis quelques années, en collaboration avec les autorités locales, des habitants de la commune travaillent également sur la gestion et la protection du commun et veulent entre autres faire de l’espace public un réel espace social laissant la place à l’expression et au dialogue tout en favorisant l’interconnectivité du haut et du bas du quartier.

Projet Marie Moskou-Place de Moscou. | Serine Mekoun

Combien ça coûte ?

Un café, un appartement de 80m2, une grande bière | Johan Giraud/Cafébabel

Ce côté un peu rebelle, Saint-Gilles le cultive depuis bien longtemps. La commune fut au cours des 19ème et 20ème siècles une véritable pépinière de leaders ouvriers. L’emblématique Maison du Peuple, maintenant devenue un bar branché sur le Parvis, fut autrefois un lieu de débat politique avec son lot d’invités socialistes célèbres, dont entre autres, Lénine.

Mais Saint-Gilles c’est avant tout le village des artistes, et donc aussi la possibilité de côtoyer cette fibre créative qui dynamise le quartier au quotidien. La commune foisonne de lieux de création émergeants, d’exposition et abrite l’école d’Art Saint-Luc, de laquelle sont sortis quelques-uns des plus grands noms de la BD contemporaine. On y trouve aussi la maison Horta, bastion de l’une des figures principales de l’architecture art nouveau en Europe. Récemment, la commune de Saint-Gilles, en collaboration avec sa commune voisine (Forest), a mis sur pied un parcours d’artistes, une biennale d’arts pluridisciplinaires qui a pour objectif de mettre en valeur la dynamique artistique et culturelle au sud de Bruxelles. L’édition 2016 a rassemblé plus de 200 ateliers d’artistes, des expositions, des performances, et des installations urbaines.

Sans chichis, sans tabous, on y retrouve une simplicité bien de chez nous qui amuse ses habitants et ses habitués.

En 2016, la fresque d’un pénis géant avait déchaîné les passions dans le quartier. | Serine Mekoun
Nassim, Mohamed, Bilal, Amid, Farid-un aprèm de détente sur la Place Morichard | Serine Mekoun
Amar, 30 ans – Brasserie de l’Union , Parvis de Saint Gilles | Serine Mekoun
Maxime , 19 ans , étudiant en Architecture. | Serine Mekoun
Julien 31, DJ et disquaire chez Dust Dealers | Serine Mekoun

Bonus : les endroits cachés de la vidéo

  • Le Cauri Bar: restaurant-bar aux spécialités togolaises, Chaussée D’Alsemberg 163, entre Saint-Gilles et Forest.
  • Le Parvis de Saint-Gilles, cœur de la Commune, qui abrite plusieurs cafés, bistros et le marché tous les matins de la semaine, sauf le lundi.
  • Dust dealers: disquaire vinyles, spécialisé dans les musiques Jazz et Soul, Rue Vanderschrick 22.
  • La Tricoterie– fabrique de liens: Lieu de rencontre polyvalent où activités artistiques et citoyennes se côtoient dans une nouvelle dynamique économique. Rue Théodore Verhaegen 158.
  • Le Piano Fabriek: centre communautaire,laboratoire artistique et centre de formation situé Rue du Fort 35.
  • Centre Culturel Jacques Franck: centre culturel de la commune de Saint-Gilles situé Chaussée de Waterloo 94.
  • Jynga: patisserie et salon de thé portugais essentiellement reservé aux femmes et aux familles , située Rue Vanderschrick 5.
  • Komplot, collectif de curateurs, Chaussée de Forest 90.

Serine Mekoun & Valeria Mazzagatti pour CaféBabel.

Article également disponible sur le site de notre partenaire.

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